mercredi

Coquine, cochonne, salope...

Coquine, cochonne, salope...
Toujours.
Toujours partagée. Pas moyen de l'être totalement, non.
Même à écrire les mots hésitent... Et pourtant ils sont là.
Le pouvoir des mots. Ce qu'ils déclenchent. Ce qu'ils cachent et recouvrent. Ce qu'ils dévoilent et découvrent...
Ou juste le plaisir de les dire. De les penser de les lire. De les écrire. Par jeu.
Par besoin parce qu'ils viennent. Parce qu'ils sont là. Là pour ça, et là en moi.
La peur de ce qu'ils dévoilent. Toujours.
Coquine, cochonne, salope !
La peur d'être jugée. D'être mal jugée.
Par qui, bon dieu on se le demande !
Surtout que dieu, pas vraiment pour moi non.
Mais les mots, donc... L'envie de ce qu'ils dévoilent. De ce qu'ils déclenchent. De ce qu'ils révèlent ou suscitent, au fond de moi.
L'envie et la peur... liées, par le frisson qu'elles nous font.
Ce qu'ils "suscitent" : "susciter", j'y entends "sucer" !
Et voilà, la machine à fantasmes se met en route...
Fantasmes ! Le mot est dit ! Rien que le mot... j'en suis déjà toute émoustillée. Intriguée curieuse. Excitée de tant de liberté. Tout est possible, en fantasme !
Peur d'être crue : à tous les sens du mot... Crue par les mots crus : coquine, cochonne, salope ! Crue comme l'étant vraiment...

Alors que ce n'est qu'un délire... qui cherche à sortir.
Mais un délice... qui cherche à se vivre, se dire en mots !

lundi

Jamais plus

Il avait dit jamais plus. Jamais plus elle, jamais plus elle et lui.
Elle lui en avait trop fait.
Il avait dit je pars. Dégoûté, transi.
Elle l’avait adulé puis meurtri, cassé.
Alors il s’en était allé. Mettre des baumes sur ses blessures, des onguents des carapaces, des oublis.

Frileux, il s’était refait peu à peu. Des histoires d’un soir l’avaient réchauffé, sans trop y croire. Des regards croisés lui avaient donné envie. Envie d’histoire. C’était au printemps, en général. Et à l’automne : ça le prenait, une bouffée d’air comme un espoir. Puis ça retombait. A quoi bon. Aucune qui vaille la peine, de toute façon. Bien mieux derrière le bouclier. Protégé, verrouillé. Une petite branlette, une douche et puis dormir. Ne pas penser ni ressentir. Dormir. Il pouvait dormir des dix heures, des quinze heures d’affilée. Ne pas voir le soir qui tombe, pourpre et vermeil. Et encore moins le lever de soleil, avec sa lumière rose, ses faux espoirs. Ne pas se projeter en l’avenir, ni s’imaginer dans la durée : il y en aurait toujours assez. Et la fin, il la savait : elle lui était familière, pour lui ou pour d’autres, il l’avait souvent frôlée, côtoyée. Il en avait fait le tour. Alors il n’y pensait plus. La fin viendrait bien quand il faut.

Il fallait tuer l’avant…

Il n’était pas tout seul, il le savait. Il avait quelques compagnons de route. Ils se tenaient chaud l’hiver. Ils avaient tous leurs blessures, leurs histoires. Avec le temps, ça ne s’arrangeait pas. Ils avaient chacun leur armure, plus ou moins rutilante, ils l’entretenaient avec soin : pas de fêlure apparente, c’est nickel et ça ne prend pas la tête.
Mais quand un intrus de la planète féminine s’approchait, c’était tout différent. Qu’elle soit un peu gentille, femme fille aguichante… Pas qu’un peu qu’ils s’y voyaient. Sans y croire réellement, mais en y fantasmant vraiment. A fond, complètement dedans. Quelquefois ça marchait, l’un des coqs devenait roi, trouvait sa reine et s’en allait.
Mais lui, non. Il restait là, l’armure rouillée, ours même pas comestible. Quelque chose le retenait de faire le coq, de se prendre pour un roi. Il patinait dans le présent, s’embourbait.

Et un soir, il l’avait revue. Il avait pensé « plus jamais rien à faire avec elle ! » Il avait voulu prendre la tangente, s’écarter de son chemin, faire celui qui ne l’avait pas croisée. Mais pas moyen. Elle s’était plantée devant lui, les yeux dans ce qui lui restait de regard fuyant. Pris au piège.
« Tu as un moment, on prend un verre ? »

Tout mais pas ça !

Il avait cherché un prétexte, un alibi une urgence, un truc à bredouiller au moins ! Mais rien. Il n'avait rien trouvé. Et elle avait souri. Alors, il avait juste soufflé « oui ».

Il s'étaient assis comme il n'avait jamais pensé vivre ça. C'était surréaliste. La tête lui bourdonnait, il ne disait rien. Mais elle, si. Elle en avait à dire. D'abord peu, un peu gênée, puis le flot était venu, comme si elle avait attendu ce moment depuis longtemps. Et elle lui avait raconté ses histoires, ses galères glauques et ordinaires. Et ses regrets qui lui venaient. Ses remords, dont elle se mordait les doigts, les lèvres, enfin tout ce qu'elle pouvait. Son estime qu'elle n'avait pas su garder... Elle s'en voulait. Elle voulait le lui dire.

Il entendait de loin, dans le brouillard de son trouble. Il ne comprenait pas tout. Mais il avait entendu ça, ces mots incroyables, « son estime qu'elle n'avait pas su garder ».

Ça lui avait fait comme un déclic, une décharge électrique, un coup de chaud partout. Le brouillard s'était levé. D'un coup, comme un ciel de matin rose. L'armure rouillée avait craqué. Il avait envie d'elle. Ou d'une autre, il ne savait pas très bien. Mais il avait envie d'avoir envie. Envie d'une histoire, envie d'envisager l'avenir, de se sentir vivant.

Il avait simplement dit : « Merci. C'est bien ».

Elle s'était tue. Il avait souri, l'avait regardée, vraiment, longuement.

Puis il était parti.


Un autre jour... Demain serait un autre jour. Pour la revoir, ou pas.

Mais le premier du jour du reste de... vous savez bien.


dimanche

Questions

Est-ce que penser à la folie, ça rend fou ?

Est-ce que penser à la mort, ça l'attire ?

Est-ce que partout dans le monde, on se pose les mêmes questions ?

Est-ce que si je ne lui donne pas de nom, la boule qui m'étreint va se dissoudre et disparaître ?

Pourquoi la beauté des couchers et levers de soleil ?

Pourquoi l'envie de toucher les gens ? C'est grave ? Et si c'est grave, est-ce que ça passera en le pensant très fort ?

Comment tant de gens peuvent rester immobiles, quand la musique fait frémir et bouillir mon corps ?

Pourquoi derrière tous mes doutes, mes certitudes se dressent sans faillir ?

Pourquoi derrière toutes mes certitudes, mes doutes se dressent sans faiblir ?

samedi

Fin de soirée

Qu'est-ce que je fais là, moi ?

Un moment que j'attends dans le noir. Marre de cette voiture, d'être assise. J'ai envie de sortir, d'aller voir.

Le coin est désert par ici. Glauque ? Même pas, juste vide. Une zone commerciale banale, décor sans âme. Sans âme qui vive non plus. Il faut dire que le commerce ne marche guère à deux heures du matin. Un garage de marque, carrosseries rutilantes en vitrine, une boutique de tapis à côté, de peinture de l'autre.

Qu'est-ce qu'il fout ?

Un papier, qu'il m'a dit. Il va chercher un papier et il revient. Je ne connais pas vraiment ce type, c'est le copain d'un copain de la soirée... Il me ramène chez moi, il doit juste passer une minute à son boulot. J'attends, je n'ai pas le choix. Mais ça commence à faire long.

J'y vais. Il est entré par une porte sur le côté je crois. J'essaie, c'est ouvert. C'est la pénombre mais pas le noir complet. Il y a de la lumière au fond, par une porte qui donne sur les bureaux. Le magasin est immense, plein de voitures exposées. Par les larges vitrines, la lune éclaire les carrosseries, fait briller les chromes. Aucun bruit. Il doit être là-bas, dans un bureau.

Mes yeux s'habituent au décor et voient de mieux en mieux. J'avance entre les voitures, je visite, je frôle ces tôles brillantes, les contourne, les caresse en passant...

En avançant un peu plus loin dans le magasin, par un jeu de vitres, à un endroit, je peux voir dans un reflet l'intérieur d'un bureau. Il y est, je le vois de dos qui s'affaire. Je ne sais pas ce qu'il fait. Il cherche sans doute ce papier.

Un instant, je me dis qu'il m'a vue arriver, qu'il me guette. Qu'il m'attend peut-être. Je ne bouge pas.

Mais non, il ne m'a sans doute pas vue. Il est occupé.

Je me plais presque au milieu de ce magasin de voitures neuves. Drôle de sensation. En avançant encore je vois mon image dans une glace : marre de ces talons, de cette jupe mise pour la soirée... Mais il faut dire que ça me va bien, rehaussant les courbes et cambrures... Je me cambre un peu plus, je me déhanche à plaisir, je me tourne, je regarde l'effet que ça fait de derrière, en marchant un peu pour voir... Et si je remonte un peu la jupe...

Il me semble que j'entends un bruit. Où est-il ? Je ne le vois plus. A moins que d'ici, peut-être ? J'essaie de le revoir au fond, je me penche sur un capot, pour voir à travers le pare-brise et la vitre arrière, peut-être... Lasse, je reste ici, couchée ou presque, pliée en deux sur cette bagnole... C'est doux et lisse et pas froid, je ferme les yeux.

« Ça te tente ? »

Une main sur moi me surprend. C'est lui.

Je ne l'ai pas entendu s'approcher... Et il est là, derrière moi, tout près, presque collé. Il se penche vers moi, j'entends son souffle, et je sens la chaleur de son corps, sa main posée sur mes fesses.

- Mmmm !

Sa main descend et glisse sur moi, et il est plus près encore, il se colle à moi, je sens ses jambes contre mes jambes... Ses mains remontent la jupe, me pressent et me pétrissent les fesses, les hanches, elles n'ont même pas le temps de monter à mes seins. Je prends mes seins à pleines mains, les palpe fermement, les serre à couper le souffle, ils gonflent de plaisir... Je sens son désir se dresser contre mes fesses, dru et décidé, chaud : énorme. Et mon désir fait comme une chaleur, un volcan à l'intérieur, terrible, impérieux... qui m'inonde, mouille ma fente et me cambre... Souffle court, de l'un, de l'autre. Une main se glisse entre mes jambes, me touche à travers la culotte...

- Ah !

Un cri pour dire encore... Je suis si mouillée... Je sens sa respiration accélérer. Il écarte la culotte, y glisse enfin ses doigts que j'attends si fort, depuis des heures il me semble. Ils apaisent un instant mon feu et puis m'affolent, ils glissent et caressent et tournent et s'enfoncent, et fouillent et vont et viennent au-dedans. Encore un cri, c'est trop fort, je n'en peux plus.

J'ai saisi son sexe en main, à travers le pantalon, il est gonflé, tendu, bien trop serré... Alors il ouvre tout et le libère, je gémis de le sentir, gland lisse dans ma main, que je guide vers où il sait qu'il veut aller... Il me pénètre dans un cri sourd, je crie aussi, c'est tellement si bon que j'en perds les pédales. Qu'il vienne encore et encore, et il est bon le bougre, il me pénètre encore et encore, longuement, je sens son sexe aller et venir et caresser tout au passage, le clito, le G, jusqu'au fond, je perds pied, je ne m'appartiens plus... J'accompagne ses va-et-vient des miens, mes fesses rebondissent contre son bas-ventre, je sens ses couilles aussi... Ses mouvements se font plus drus encore, son sexe gonfle et se tend encore plus, le mien irradie en frissons inouïs, et les étoiles fondent sur moi, des cheveux aux pieds... Un long cri dans la nuit, il jaillit en moi et inonde mon vagin de plaisir, mon plaisir nous secoue et fait tanguer la voiture, nous nous y écroulons vaincus, ivres, terrassés, à demi-morts.

...

« Ça y est, je l'ai trouvé, excuse-moi pour l'attente.

Oh pardon, tu dors ? »

La portière de la voiture s'est ouverte, il est tout sourire, je n'ai pas bougé de mon siège, c'est toujours aussi désert ici et il fait un peu frais...

Il va me ramener.

GL